Edito du CSEE
Au CSE des 26 et 27 mai 2021, la délégation Sud avait écrit en introduction de sa déclaration préalable « Le chemin est encore long pour avoir un dialogue dit social sur la DOGO ».
Puis elle avait précisé que « la présentation du bilan formation et du rapport PEC bilan, des dossiers importants qui ont été communiqués tardivement le 17 mai. Ce qui laisse peu de temps aux élu-es de les étudier correctement ».
Un an après nous ne voyons pas le bout du chemin. Quelles que soient les Directions, tant au national avec une nouvelle Décision Unilatérale pour les NAO, deux suspensions de séance sur les négociations Télétravail et Fluidité demandées unanimement par les OS ; tant qu’au local avec une CSSCT de l’AD toujours aussi surchargée. D’ailleurs pas un mois, sauf celui-ci, sans qu’un dossier ne soit présenté aux élu-es, impliquant un mandatement de ladite CSSCT. Des CSSCT transverses qui se réunissent sans prendre en compte la disponibilité des mandaté-es. Les membres de la commission Emploi, Formation, Egalité Pro tirent eux aussi la sonnette d’alarme et demandent le report de plusieurs dossiers par manque de temps et de moyens pour éclairer les élu-es du CSEE.
Alors que 6 des ex dirigeant-es de France Télécom sont en appel du procès Lombard, nous déplorons 3 suicides de salariés d’Orange en moins de 3 semaines, dont 2 ne font aucun doute sur le lien avec le travail. Le premier est revenu se pendre sur son lieu de travail alors qu’il était en arrêt de travail. Le mois précédent, les élu-es CSE avait émis une alerte de danger grave et imminent. La lettre de la veuve du second à la Direction et aux élu-es de la CSSCT est explicite.
Cela intervient dans un contexte de réorganisations accélérées, y compris pendant la période de crise sanitaire, un « dialogue » social tendu y compris en cas d’alerte de danger grave et imminent. En effet, dans de telles situations, Orange polémique sur qui, du CSEE et de la CSSCT est légitime à déposer des ADGI, ou refuse en première intention la communication aux mandaté-es de la mise en demeure de l’inspection du travail par exemple, faisant perdre du temps et de l’énergie sur des questions de procédure, et non sur le traitement de situations graves.
Ces suicides touchent des fonctionnaires d’une cinquantaine d’années, tous en Unité Intervention. Deux font état de surcharge de travail, de manque de formation.
Un parallèle troublant avec les auditions des familles lors du procès en appel sur les périodes NEXT et ACT, sous la présidence de Didier Lombard. Si on ne peut faire de comparaison avec le système de harcèlement organisationnel pour pousser 22 000 personnes à la porte sur un temps limité, la réalité de la souffrance au travail est là et se révèle parfois par des passages à l’acte fatal.
Les suicides chez Orange ne se sont pas interrompus ces dernières années, et les CHSCT ont instruit, souvent avec difficulté, les situations de travail des suicidé-es. Mais leur fréquence n’avait pas de commune mesure avec la période « noire ».
Aujourd’hui, la Direction d’Orange doit prendre la mesure des conséquences graves de la stratégie qu’elle choisit, si le prix à payer, ce sont des morts et des milliers de personnes abîmées psychiquement et physiquement pour des vies entières.